Chez les Bapunu, comme sans doute dans toutes les sociétés humaines,
chaque individu porte un nom qui permet de l’identifier et de le distinguer des
autres. Le nom propre personnel est donc lié à l’existence même de l’individu.
En Afrique, ce nom est sacré. On ne le donne pas à n’importe qui, et l’on
constate ainsi fréquemment chez l’Africains en général, et chez le Mupunu en
particulier, une certaine réticence à décliner son identité devant un inconnu.
A ce jour, rien n’a été publié sur les noms des Bapunu, et c’est pourquoi j’ai
cru bon de rédiger le présent article après avoir enquêté auprès des Anciens de cette
ethnie.Les recherches anthroponymiques faites jusqu’ici en Afrique ont surtout
porté sur la fonction sociale du nom. L’aspect proprement linguistique a par contre
souvent été négligé. Je considérerai, pour ma part, que les noms propres de
personnes sont des unités intégrées au système de la langue tout comme les mots du
dictionnaire, même s’ils présentent certaines caractéristiques particulières, et qu’ils
peuvent donc faire l’objet d’études phonologiques ou sémantiques.
2. DONNATION DU NOM
2.1. Quand donne-t-on le nom ?
Traditionnellement, il n’y a ni moment précis ni cérémonie particulière pour la
dation du nom.
Il arrive parfois que le nom à donner soit recherché dans les jours qui
précèdent la naissance. Dans ce cas on spécule beaucoup sur le sexe probable de
l’enfant. Le plus souvent, cependant, ce choix n’est fait qu’après la naissance,
certains paramètres décisifs (la façon dont le bébé se présente lors de
l’accouchement, ou la présence d’une malformation congénitale, par exemple) ne
pouvant être connus qu’à ce moment-là.
La dation des noms aux jumeaux se fait de manière exceptionnelle. Quelqu'un,
qui peut fort bien ne pas être de la famille, fait un rêve peu avant ou peu après leur
naissance, dans lequel ils viennent lui révêler le nom qu'ils doivent porter.
2.2. Qui donne le nom ?
Le père, la mère, un membre de la famille ou un ami, peuvent attribuer un nom
à l’enfant qui vient de naître.
Le choix est souvent fait, chez les Bapunu, dans le cadre de l’institution
sociale des “homonymes” (band1ufi2, sg. nd1ufi2). Un “homonyme” est une
personne de la communauté dont on a choisi le nom pour l’attribuer au nouveau-né.
Une fois le choix fait, il s’établit des liens spéciaux entre l’enfant et la personne qui
a accepté de donner son nom. Cette espèce de parrainnage entraine l’utilisation
réciproque comme terme d’adresse du mot d^Kn2 qui signifie par ailleurs “nom”.
Le véritable but recherché à travers cette institution semble être de trouver un
remplaçant à la personne sollicitée en assurant la perpétuation de son nom.
Le choix peut porter aussi sur le nom d’un défunt, surtout si celui-ci n’a
laissé aucun descendant. Il est encore plus clair, dans ce cas, qu’il s’agit d’honorer
et d’immortaliser la mémoire du défunt.
3. DIFFÉRENTES SORTES DE NOMS
3.1. Composition du nom
Le nom d’un individu se décompose au moins en trois parties : le nom de
naissance (d^Kn`2), suivi du nom de naissance du père ou patronyme, suivi d’un
surnom (kûmbù) éventuellement agrémenté d’une devise de longueur variable.
Ainsi pour le nom de l’auteur de ces lignes, par exemple, on a:
Kwenzi Mikala Tangu
nom de naissance nom du père surnom
Les notions de nom de famille et de prénom n’ont donc pas cours dans la
société traditionnelle.
3.2. Anthroponymes féminins
3.2. Anthroponymes féminins
Certains noms sont exclusivement réservés aux femmes, tels que par
exemple :
Bajine, Baluki, Bukandu, Dimengi, Ìbondu, Ìssange,
, Majinui, Majinze, Manfoumbi, Màrûndù, Màsolù,
Masunge, Matsnge, , Milenzi., Mubwenga, Mukita,
Nynagi, Ulabu, Pêmbe, Tsône
L’existence de certains de ces anthroponymes est semble-t-il liée à celle de
sociétés secrètes strictement féminines. Par exemple la société secrète bôfiu
“champignon”, disparue depuis longtemps, qui réunissait les femmes au début de
chaque saison sèche. Celles-ci mangeaient certains champignons qui étaient censés
donner de la force à leurs conjoints. Pour perpétuer le souvenir de ces sociétés on a
pris le parti de donner leurs noms à des enfants de sexe féminin.
Source: Extraits Pholia 5 Kwenzi Mikalat
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