Le mariage coutumier au Gabon est une institution d'une telle importance, qu'il doit nécessairement être fait avant tout mariage civil et que, si par malheur, cet ordre n'est pas respecté, les jeunes mariés peuvent encourir l'opprobre des familles dans le pire des cas (en tout cas, c'est très mal vu de ne pas organiser son mariage selon la coutume)...
La semaine dernière , j'ai assisté à un mariage coutumier, unissant une Myéné à un Punu. Le processus est long et codifié selon des règles précises, transmises de génération en génération (mais la famille du marié semblait les avoir un peu oublié). Récit.
La cérémonie se déroule chez la famille de la future mariée, en l'absence des deux futurs époux qui sont cachés. La famille et les amis de la future mariée portent tous le même pagne (peu importe la forme, du moment que c'est le même tissu...), les proches du futur marié, un autre pagne. Les deux camps sont placés face à face, au milieu, de la place est prévue pour pouvoir poser les offrandes de la famille du futur marié pour la famille de la future mariée.
La cérémonie s'organise autour des joutes oratoires, en fait, des pourparlers, émaillés d'expressions très colorées et subtiles, des deux représentants des deux familles, qui ne peuvent être que des hommes (si une femme veut donner son avis, elle doit le communiquer à l'homme, discrètement). La famille du futur marié est en position de demandeuse, si elle ne respecte pas la procédure, elle paye des pénalités (des ofrrandes plus de l'argent). En fait, elle demande la main de la jeune femme. Ainsi, elle doit se présenter (présenter le clan, les ancêtres, dire d'où elle vient...). Au départ, la cérémonie était dans une langue qui ne me disait rien, mais après, ils ont parlé en français, heureusement parce que sinon j'aurais pas pu rire avec eux...
Comme je disais, la cérémonie respecte un protocole qui est constitué de plusieurs étapes: (mots myéné)
Ironda : la situation "clandestine" des deux futurs époux qui se côtoient de manière informelle
Ouzoumino: de cette situation précédente, on passe aux fiançailles
Djomba: le mariage à proprement parler.
A chaque fois que la cérémonie franchit une nouvelle étape, la famille du jeune homme doit faire une offrande à la hauteur de l'estime qu'il porte envers la jeune femme. Les familles respectives peuvent se retirer pour discuter, s'il y a polémique et désaccord entre les membres de la famille.
Dans les premières étapes, les offrandes sont de l'alcool avec pour bouchons qui sont en fait des billets de francs CFA, que la famille de la future mariée se partagera plus tard.
Avant l'étape crucial où la famille de la jeune femme accepte finalement la demande de la famille du jeune homme, cette dernière donne des cadeaux symboliques qui font étrangement penser aux produits que les négriers blancs donnaient aux esclavagistes africains contre des esclaves:
sac de sel
hache, couteaux, lime
moustiquaire
lampes à pétrole
plomb (qui remplace l'enclume, censée peser et sceller le mariage)
+ boissons, argent, pagnes, etc.
l'ensemble des cadeaux
Dès lors que la famille de la jeune femme accepte, la jeune femme sort de sa cachette et rejoint sa famille, de même pour le jeune homme. A ce moment, l'orateur du clan de la jeune fille lui demande si elle est d'accord pour épouser le jeune homme et si c'est le cas, le mariage est conclu et les deux camps expriment leur joie en dansant, en chantant, etc. Enfin, la jeune mariée rejoint le camp de son mari et s'assoit devant son beau père, qui devient son père.
Puis, place à la fête!! Et surtout, place au buffet!!! lol
Source:Jessica
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